Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Yoann
Chez Yoann
Publicité
Derniers commentaires
Archives
12 juillet 2010

On Ne Souhaite Pas Toujours Vraiment Ce Que L'on Pense...

Mon passage au secondaire aura été tumultueux. Rien à voir avec le côté académique, où j'ai toujours réussi à très bien m'en tirer. J'étais un bon élève, studieux, poli, à son affaire et gentil avec les enseignants. C'est d'ailleurs ce qui explique tous les tumultes que j'ai vécu. Lorsqu'on a du succès sur le bulletin et qu'on est un garçon, généralement, on paie le prix dans la cours d'école. J'ai été, pour plusieurs, un souffre douleur de choix lors de mes débuts dans la grande école. Un peu timide, toujours aussi orgueilleux et pas foutu de rendre la monnaie de sa pièce à ceux qui n'avait rien de mieux à faire que de jouer les gros bras, j'ai été une cible de choix plus souvent qu'à mon tour.

Dans une clique capable de vous attaquer verbalement comme celle qui s'est jetée sur mon sort, un type sort du lot. Ce n'est pas nécessairement la tête forte ou le leader. Ce gars, il vous marque parce qu'il vient vous chercher plus personnellement que les autres. Sa façon de penser, de vous regarder et de vous lancer des insultes est si intimement liée à votre façon de voir la vie qu'elle vous atteint droit au coeur. Alors imaginez ce que c'est lorsque ce genre de gars vous ridiculise justement à propos de vos histoires de coeur.

J'avais peut-être douze ou treize ans lorsque mon attention s'est arrêtée sur la plus jolie fille de la classe. J'étais tout jeune, tout naïf, plein d'espoir et de bonnes volontés... ce qui fait la jeunesse quoi. Un sourire en coin, c'est sans doute tout ce qu'elle avait dû me donner pour que je veuille lui offrir tout mon amour de jeune petit gars. À en déborder de partout, je n'en pouvais plus, ça devait sortir. Prenant le courage là où j'ai pu le trouver, je lui ai dit ce que je ressentais dans une lettre. Mon coeur en version papier, livré pour elle.

19366_300640068635_622433635_4791793_1608502_n

Malheureusement, cette lettre aura eu plus d'un lecteur. Ce gars, ce damné gars qui avait toujours su comment s'y prendre pour me ficher dans une colère noire, avait réussi à mettre la main sur le doux papier que j'avais donné à cette fille. Évidement, son contenu s'est transformé en traînée de poudre. L'école entière aura eu l'honneur de connaître les détails de ce qui devait pourtant rester secret.

Pour le fauteur de trouble dans cette histoire, ça ne se résumait peut-être qu'en une bonne blague vite oubliée. Mais moi, je n'avais pas envie de rire. Je n'avais même pas envie de pleurer. J'aurais tout simplement voulu le tuer, en lui arrachant la pomme pourrie lui servant de coeur. Ce garçon là, je l'ai détesté plus que je n'ai aimé la fille qui m'a pourtant causé bien des souffrances elle aussi. Ce garçon là est la personne que j'ai le plus détesté au monde.

J'ai longtemps tâché de me dire que mes mauvaises expériences du primaire et des débuts de mon secondaire auront fait de moi la personne que je suis. Le caractère et la personnalité que j'ai sont intimement liés aux expériences que j'ai vécues, et au fond, je peux remercier chaque personne s'ayant payé ma tête de m'avoir endurci le caractère. Et ils ont été quand même nombreux. Mais lui, ce gars-là, jamais il n'aurait la moindre once de gratitude de ma part.

Pourtant, grâce à lui et à des gens lui ressemblant, j'ai changé. Je suis devenu l'une de ces personnes que tout le monde connaissait et appréciait lors de mes dernières années au secondaire. Je me suis ainsi fait beaucoup d'amis remarquables, sans compter une quantité impressionnante de connaissances et contacts que je ne saurais remplacer. Je me suis même lié d'amitié avec certains qui avait autrefois mené ma vie vers l'enfer. Mais jamais avec ledit gars ayant gâché tant de moments dans ma vie. Lui, jamais je n'ai pu le blairer. Je souhaitais presque encore sa mort. Les plaies étaient encore vive, le pardon était difficile.

Alors quelle ne fût pas ma surprise, il y a quelques semaines à peine, de voir que ce type était maintenant sur Facebook. Plus grande encore, cette surprise a été causée parce que c'est lui qui est venu à moi, me demandant d'être son "ami facebook". Comme s'il s'intéressait à ce que j'étais devenu, à qui j'étais après toutes ces années. D'une certaine manière, on pourrait supposer qu'il s'agissait d'une façon de s'excuser. J'ai longtemps hésité à accepter sa demande d'ami. Je l'ai laissé languir plusieurs jours, tel un pantin, en me demandant ce que ça m'apporterait que d'accepter ses excuses. J'étais fier de pouvoir enfin avoir un quelconque effet de levier sur lui, aussi minime soit-il. Puis, lassé de le tenir en joue, je m'en suis débarrassé et ai ignoré sa demande. Aujourd'hui, je sais que j'aurais pourtant dû les accepter...

Ce gars est mort hier. En conduisant sa voiture en pleine nuit, il s'est tué.

Tu as continué de m'en apprendre beaucoup, finalement. Alors, c'est peut-être trop tard, mais je les accepte tes excuses mon gars...

184731_voiture_entree_violemment_collision_avec

David MICHAUD (1985-2010)

Mes plus sincères sympathies à la famille et aux proches...

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Yoann, t'as sû venir me toucher droit au coeur!<br /> C'est dur de lire ça pour moi. Mais je sais très bien que maintenant t'es au-dessus de tout celà.<br /> <br /> T'es un gars fantastique plein d'amour et d'altruisme.<br /> Je suis fier d'être de ton cercle rapproché...
J
Un texte percutant avec une finale en coup de fouet, une mise à nu honorable par une simplicité désarmante font que l'auteur nous est très attachant. Yoann, tu as une personnalité fantastique et les autres gagnent beaucoup à te connaître plus en profondeur. Sois fier de ce que tu es aujourd'hui, même s'il est vrai que le passé a contribué à nous forger tels que nous sommes actuellement, dans toutes nos faiblesses, mais aussi dans toutes nos forces.<br /> Je t'aime fort.
Publicité